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La plus belle pour aller...

Ma Luce adorée d'amour que je kiffe grave,

Encore un prime haletant ! Hier soir, tu le penses bien, j’étais devant ma télévision pour t’admirer et t’écouter. Comme chaque semaine. Le temps passe si vite ! Plus que deux Baltard, si tout va bien, et tu finiras, hélas, par t’évanouir de mes mercredis soir. Cela m’angoisse, car je ne sais pas si je pourrai continuer à vivre sans te voir.

Il devient urgent, oh ma Luce, que tu considères sérieusement ma demande en mariage. Je commence, par divers moyens, à bien te connaître, et je sais que je suis fait pour toi, comme toi tu es faite pour moi. Oui, Luce, je le redis avec force : je ne suis pas un simple fan. Je ne suis pas quelqu’un qui se contente de t’admirer, comme le vulgum pecus levant béatement le regard vers les étoiles.

Je veux cependant te dire deux ou trois choses sur le prime d'hier. D’abord, j’ai remarqué – et cela m’a rendu tout guilleret ! – que tu as porté ce joli badge à message lumineux qui fut l’un de tes premiers bijoux à la Nouvelle Star. Et non seulement tu l’as porté, mais tu y avais programmé un message défilant. Seulement, malgré toute mon attention, je n’ai pas réussi à le lire. Question de cadrage, toujours trop large ou trop rapide.

Mais où diable as-tu acheté ce badge, Luce ?

J’ai été pris d’un fol espoir. Et si ce message m’étais destiné, à moi, ton Hector ? S’il s’était agi d’un signe, d’une allusion, d’un clin d’œil à mon attention ? Oui, je sais, je suis fou ! Comprends-moi, Luce. L’amour que je te porte, et que je ne peux, hélas, encore satisfaire pleinement, me pousse, peut-être, à la déraison, ou pour le moins à des extrémités un brin excessives.

C’est que j’ai souffert, hier soir, je l’avoue. Oui, j’ai souffert, à un moment très précis, lorsque j’ai vu Ramon – oui, Ramon, cet hidalgo sans moustache ! – te lécher le cou à grands coups de langue râpeuse et baveuse. Ramon, le tombeur de ces demoiselles, doit-il conquérir toutes les femmes qui l’entourent, au point de te ravir à moi ? Non, je ne peux y croire, la chose serait trop cruelle. Et pourtant. Je les vois encore, ces grandes léchouilles balancées sans pudeur ni amour sur ta nuque si douce, si délicate, si fragile.

Mes moustaches se sont dressées de jalousie.

J’ai éprouvé, subitement, une forme acerbe et douloureuse de jalousie. Non pas parce que j’aurais voulu en faire autant : le geste de Ramon n’était que concupiscence, vulgarité et cannibalisme. Le jour où je te ferai goûter la saveur de ma langue, Luce, ce sera à pleine bouche ! Et avec une harmonie d’amour, de désir, de délicatesse et d’érotisme qui sera bien plus divine que cet acte bestial et égoïste de Ramon. J’ai ressenti de la jalousie parce que j’ai réalisé, soudain, que ton corps m’est (encore) inaccessible. « Tout ce que la main de l’homme ne peut atteindre n’est que vaine poésie », disait un philosophe. Il avait bien raison. J’ai été piqué par la jalousie, aussi, parce que tu semblais accepter, avec nonchalance sinon bienveillance, les attouchements obscènes de ce saligaud de Ramon. Pourquoi ? Ô douleur !

Autant dire que j’ai rêvé, et la désillusion n’en est que plus cruelle. Non, ce message défilant sur ton badge ne m’était pas destiné. Mais quel était-il ? Était-il adressé à quelqu’un d’autre ? À Benjamin, par exemple, dont le départ t’a tant déchirée, la semaine dernière ? Sans doute, maintenant que j’y réfléchis, s’agissait-il d’un extrait des paroles de la chanson que tu as interprétée. Je serai la plus belle pour aller danser.

Toujours la plus belle, en toute circonstance.

Or tu fus bien la plus belle, Luce. La plus belle pour aller danser, mais pas que. Quelle poésie ! Comment as-tu fait pour insuffler autant de grâce, de surprise et de poésie dans cette ringardise yéyé – j’aime pas les yéyés – nunuche comme c’est pas possible à l’origine ? Il y avait du drame dans Gigi, la semaine dernière – d’où « le goût du sang » évoqué par Philippe Manœuvre –, et donc bien plus de difficulté à faire quelque chose de potable de cette niaiserie de Sylvie Vartan. Eh bien, non seulement ce fut bon, mais ce fut même délicieux, troublant, fort, et plein de subtilité.

Tu était la plus belle. La plus tendre. La plus rêveuse, dans ton chant de soie et de dentelles, tu as su apaiser mon souffle et mes cris, tu as mis tant d’amour dans mon cœur ! Tu étais la plus belle, comme un premier baiser, tu étais la plus belle, pour aller danser, tu étais la plus belle, pour aller chanter, tu étais la plus belle, pour aller…

Et ce soir, Luce, quelque chose me dit que tu seras la plus belle pour aller... fumer ?

À toi, amoureusement.