Ma Luce adorée,
Enfin ! Je vais mieux. Mon bras va mieux. Et je peux, aujourd’hui, t’écrire de nouveau. Quel soulagement ! Tu n’imagines pas quelles ont été mes souffrances depuis une semaine. Des douleurs de plus en plus vives dans tout le bras droit, malgré un premier traitement médical. Il a fallu que je fasse des radiographies, qui ont révélé que je souffrais de tout autre chose qu’une simple tendinite : une
névralgie cervico-brachiale. Toi qui es infirmière, tu connais sans doute mieux que moi ce terme barbare. Moi, il a fallu que je me renseigne un peu pour y comprendre quelque chose.
Tu les trouves jolies mes cervicales ?
Surtout, j'ai réalisé qu’à 36 ans, je ne suis, hélas, pas à l’abri de problèmes que j’aurais cru réservés à un âge plus avancé.
« La vieillesse est un naufrage ! », disait De Gaulle, et je suis consterné de voir que je commence à prendre l’eau. Enfin, comme je sais que tu aimes les hommes plus âgés que toi, je me console en me disant que tu éprouveras peut-être quelque tendresse à mon égard, voire l’envie de colmater les brèches de ma carcasse chancelante par de réconfortantes caresses.
Je ne suis pas encore totalement apaisé. Mon bras est encore secoué par des fourmillements, et le nouveau traitement que je suis, s’il a certes bien adouci ma douleur, reste en cours. Mais je peux, enfin, après une semaine de repos forcé, reprendre mes activités quotidiennes et notamment me tenir devant mon ordinateur et tapoter sur mon clavier.
Et mon clavier, il te plaît ?
J’ai tant de choses à te dire, ô ma Luce. Mais le temps a passé si vite que je ne sais si je pourrai le rattraper. Il y a, d’abord, les deux derniers
primes de
la Nouvelle Star, que je n’ai, bien entendu, pas manqués, et qui m’ont apporté de grandes émotions. Tu as su, comme toujours, me toucher dans les retranchements les plus intimes de ma personne, notamment avec
Les Sucettes et
Gigi l’amoroso.
Les Sucettes furent, pour moi, un moment de troublant érotisme. Tu as déclaré vouloir, avec cette chanson, livrer quelque chose de
« coquin » et
« titiller les garçons ». Pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître ! Tu as, sans aucun doute, émoustillé bien des admirateurs dans toute la France, mais je me flatte d’avoir été le seul, je crois, à percevoir le jeu subtil auquel tu t’es livré en chantant
Les Sucettes tout en arborant ce superbe collier de cerises.
Un collier qui fait pendant aux Sucettes.
La chose était osée. Sexy. Impertinente. Excitante. Diablement subversive. Übersexuelle. J’y reviendrai dans un prochain billet, car cela mérite quelques explications et développements.
Avec Gigi l’amoroso, tu m’as touché en plein cœur. D’abord parce que j’ai une affection toute particulière pour les grandes chansons de
Dalida, qui passaient fréquemment à la télévision quand j’étais enfant. Aujourd’hui encore, je les écoute avec un plaisir empreint de nostalgie. Ensuite parce que ton interprétation de
Gigi a été plus que magistrale. Il n’y a guère de mots capables de traduire toute l’émotion que j’ai ressentie lorsque tu as chanté. Ému jusqu’aux larmes, à la fin, j’ai pensé à
Damia, la bien nommée « tragédienne de la chanson » dans les années 1930. Damia, que j’admire tout particulièrement, notamment pour son inoubliable chanson
C'est mon gigolo. J’en profite pour te rappeler que si tu cherches un gigolo, tu peux compter sur moi. Je serai, tu le sais, un gigolo dévoué, ardent, tendre… et gratuit ! Ce qui, en ces temps de crise, n’est pas négligeable.
Damia et ses gigolos (plus ou moins moustachus).
Damia, Dalida, Luce. 1930, 1970, 2010. La chanson française gagnerait-elle une grande tragédienne tous les quarante ans ? C’est fort possible, au vu de ce
Gigi l’amoroso que tu as cueilli dans son
« village près de Napoli » pour le jeter dans les tourments du déracinement (
Gigi che vuo’ fa’ l’americano) et le reprendre dans tes bras avec douceur, avec douleur, avec ce déchirement de l’âme que seules les grandes passions savent faire naître.
Puissé-je, un jour, être ton Gigi, oh ma Luce ! Sois certaine que jamais je n’irai « faire l’américain » pour voir si l’herbe est plus douce ailleurs qu'entre tes
jambes bras. Je serai tien, comme tu seras mienne. Et lorsque nous irons, ensemble, près de
Napoli, ce ne sera que pour goûter au sucre des citrons d’Amalfi, à la douceur des pâtisseries à la fleur d’oranger, aux caresses du soleil, et à la fraîcheur des mandolines.Oui, Luce, nous vivrons de Naples et d'eau fraîche. Nous verrons Naples et ne mourrons jamais... sinon d'amour.
À toi, amoureusement.